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traduction :
Mados Mag
Q.L.- Anna Atkins est considérée comme l'une des premières photographes de l'histoire. Et c'était la technique du tirage en cyanotypie qu'elle a utilisée pour réaliser ses archives botaniques, operant une passerelle entre science et art. Quelle est la part d’inspiration de cette artiste dans votre travail ?
Brigit Ber : Je ne connaissais pas le travail d’Anna Atkins lorsque j’ai commencé à travailler la cyanotypie il y a une quinzaine d'années, en revanche le lien entre art et sciences m’a toujours interessé. Je ne peux pas dire qu’Anna Atkins soit une référence pour moi bien qu'a posteriori je découvre des résonnances étonnantes avec son travail. Mes influences sont plutôt à trouver chez Man Ray, Gerhard Richter, Judith Reigl ou Bernard Frize.
Q.L.- Votre couleur préférée ?
B.B. : Devinez!
Q.L.- Quel rapport entretenez-vous avec la mer ?
B.B. : La mer fait partie de mon paysage quasi quotidien depuis que je vis en bretagne. Je m’y suis installée il y a une dizaine d’années et ce sont dans un premier temps les rochers de la côte ainsi que les arbres qui ont attiré mon attention. J’ai un rapport à la mer d’attirance mais aussi de peur-fascination. J’aime par dessus tout les bains de mer mais j’ai une grande peur des fonds marins, je suis incapable d’aller sous l’eau. Peut-être est-ce ce qui me pousse à imaginer des immersions de papier singulières.
Q.L.- Parlez-moi de votre obsession pour les éléments marins. Choisissez-vous toujours ce type de représentations ?
B.B. : Ce ne sont pas tant les éléments marins qui m’attirent mais davantage les formes liées à l’idée que l’on se fait du marin et de la nature en générale. Mes natures mortes sont pour la plupart des « vanités » faisant dialoguer ou fusionner des ossements ; coraux, sepions de seiche, tests d’oursins, morceaux de coquillages avec d’autres objets de mon quotidien.
Q.L Travaillez-vous avec du négatif argentique ou avec l'objet directement ? Si oui, quels sont les différences entre les deux processus ?
B.B. : Je ne travaille que très rarement avec les objets mêmes (photogrammes). Je brouille les pistes. Je détoure souvent les objets que je photographie à l'aide d'appareils numeriques ou une chambre photographique du XIXème s afin de laisser imaginer qu’il s’agit de l’objet même. Je triture, je bricole mes films négatifs, j’emploie aussi des films positifs, je plie, je scotche, je mélange les sources « image » de départ créant des hybridations, des métamorphoses. Je joue sur les échelles aussi.
Q.L.- Toutes vos représentations pourraient être formalisées dans le genre de la nature morte,
mais c'est le bleu du cyanotype qui les place dans un contexte apparemment naturel. Êtes-vous de
d'accord avec cette affirmation ?
B.B. : Je ne suis pas sûre du fait que le bleu renvoie au naturel, il peut effectivement renvoyer au monde marin mais aussi au ciel et surtout je pense qu’il évoque et renforce l’idée de flottement, d’un milieu liquide, peut-être davantage du côté du rêve…ou du cauchemar.
Q.L.- Quelle part d’archéologie votre travail comporte-t-il ?
B.B. : Il y a effectivement une part d’archéologie dans ma démarche dans le sens où je collecte, je trie, j’établis des groupes, des séries. C’est une archéologie de mon quotidien, des objets que je rencontre, que je cherche parfois aussi. C’est un corpus en images où l’objet en tant que tel importe peu. Je cherche plutôt un langage, oublié et futur.
Q.L.- Votre travail est très intéressant, j'ai été surprise par le fait vous travailliez avec le materiau des films photographiques. Je comprends que le film favorise l'expérimentation et que, par conséquent, votre travail dérive vers l'abstraction. Est-ce recherché ?
B.B. : Je ne crois pas rechercher l’abstraction. J’essaie de découvrir d’autres petits ou grands mondes à l’échelle de mes tirages que ce soit sur des feuilles de papier cigarette ou de très grands formats papier. J’aime opérer des distorsions du réel.
Q.L. Parlez-moi de la partie processuelle de votre travail. Parlez-moi de toutes ces expériences qui laissent une trace qui n'est apparemment pas visible pour le spectateur.
B.B. : Le processus est complètement partie prenante de mon travail et il se perçoit sans se voir frontalement. La lumière qui insole mes tirages révèle les étapes de fabrication. On devine les scotchs qui relient les différents films transparents, les interstices entre les films, les découpes, les morceaux de verre qui me permettent de plaquer les films sur la surface sensible créent un réseaux de lignes aussi. Un film plié ou moins plaqué provoque des flous et des effets de profondeur de champ. L’image source aussi subit et conserve les accidents de traitement. Je délave et détériore aussi chimiquement certains tirages. Je fusionne également plusieurs techniques de gravure, sérigraphie, héliogravure, monotype, ambrotype, eau-forte et pointe sèche. C’est une manière pour moi de montrer l’imperfectible matérialité d’une image à une époque où il est tentant de faire des images virtuelles plus "vraies" que nature.
https://www.artfolage.net/souscription
Artistes
Eva AURICH
Claude BAUDIN
Brigit BER
Ariane CANTA-BREJNIK
Jean-François CHOLLEY
Nicole CHUARD
Maëlle de COUX
Richard DEASINGTON
Magdéleine FERRU
Fabienne FOREL
Aline HÉAU
Berta IBANEZ
Bénédicte KLÈNE
Hélène LAMARCHE
Daniela LORINI
Gery OTH et Reiny RIZZY
Thomas PAQUET
En ouverture,
Fabien HAMM
nous propose une présentation très documentée de l’historique et de la chimie du procédé.
Préface
Jacquie BARRAL
Découvert par Sir Herschel en 1842, le cyanotype est un procédé photographique monochrome ancien, par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse. Les qualités inhérentes au procédé – son faible coût, sa simplicité d’utilisation, son adaptabilité à toutes sortes de supports, la pérennité de ses réalisations, sa faible toxicité au regard d’autres procédés alternatifs anciens – lui confèrent des possibilités infinies d’expérimentation et permettent ainsi d’enrichir toute démarche artistique.
Ce livre n’est pas un manuel technique. Dix-sept artistes plasticiens contemporains présentent leurs créations dans lesquelles s’expriment l’originalité et la multiplicité de cette technique.
Format 23 x 26 cm
160 pages
Souscription de soutien en précommandant le livre au prix de 30 euros
(+ participation frais d’envoi 3 euros)
https://www.artfolage.net/_files/ugd/f6e6d5_27724537c9324a3ca61d62b239f34eb5.pdf
Emission au sujet de l'exposition Métamorphose à la Roche Jagu
Vers (4.13 Mo)
Images : Brigit Ber ; Textes : Philippe Puech
Vers, édition originale numérotée et signée /74 exemplaires - 18/18 cm - 20 pages - 21€
Bretagne Magazine n°75 - sept.-oct. 2013
Revue d'art contemporain Sand d'encre n°93
Sang d'Encre | Numéro 93 |
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Beaux Arts Magazine - mars 2010
La Gazette Drouot - mars 2010
Cité des sciences, Paris - sept 1 2005 (512.6 Ko)
Punkt 5 presse (95.61 Ko)
Multiple "punkt 5", Berlin